dimanche 15 décembre 2013

Les joies de Twitter

Pronote susceptible... :

.... te unfollow quand tu lui montres ce qui ne va pas. Un peu comme les élèves. Bisous @pronote ♥

mardi 22 octobre 2013

Don't PLEY with me dude.

iIl y a des sujets dont on ne parle pas, ou peu, à tort. Parce que c'est trop intime? Parce que ça dérange?
Une de nous, une fois, tente de dire quelque chose... Une Madmoizelle ou une Sofie... On en parle un peu et puis le message retombe dans l'oubli.

J'avais 17 ans la première fois... Je n'avais même pas eu de première fois... Il faisait terriblement chaud dans la ligne 4 du métro. Des dizaines de personnes s'agglutinaient dans la rame en direction du sud de Paris. Six stations à tenir ce n'est pas la mort. Plus que cinq. Des gens montent encore, trop peu descendent... Je sens quelque chose d'étrange au niveau de mes jambes. Impossible de respirer, nous sommes trop serrés. Je lève la tête pour voir où j'en suis, plus que deux stations. Là, je le vois, grand, occidental, un visage plein de rides et un regard perdu au loin. Il portait un grand imper tout sale. Ne pouvait-il pas se décoller un peu?
Ouf, je sors. Mais... c'est bizarre cette trace blanche et collante sur mon jean...

C'est la première fois dont je me souvienne.

Et puis, à 20 ans, fort d'expérience, de "Hé mademoiselle!", j'avais compris ce que c'était. 
J'ai mis un grand coup de coude à cet homme qui, dans le RER, pensait pouvoir se tenir à mes hanches, à mes fesses... Il s'est indigné, m'a traitée de grosse moche et de s***pe, se montrait de plus en plus menaçant. Personne ne s'en mêlait... De rage, j'ai menacé de tirer l'alarme. Quelques passagers l'ont alors éloigné de moi et l'ont jeté de force hors du train à la station suivante.

En rentrant tard un soir, dans une rame de métro presque vide, un vieil homme vient s'asseoir en face de moi. Avec toute la place qu'il y a? Il me regarde fixement et je fais mine de l'ignorer, il est bien arrangé et n'a pas l'air bien méchant, je dois être parano de toutes façons... Je me concentre sur ma lecture... Sula, Toni Morrisson, je m'en souviens encore ... Je quitte un instant les pages de mon livre. Lui, se triture par dessus son pantalon en se pourléchant avidement les lèvres. Vraiment? Je croyais franchement que ça n'arrivait que dans les films. Je quitte cette rame avant qu'il n'aille plus loin. Il ne me suit pas. Ouf.

J'ai 26 ans, un dimanche en rentrant du marché un jeune homme m'aborde. En plein jour, un "bonjour et bonne journée" ça ne tue pas et puis à ma tête il a bien dû voir qu'il ne m'intéressait pas.
Mais ensuite "Et tu vas où comme ça? -Je ne vous connais pas merci de ne pas me tutoyer, je ne suis pas non plus intéressée par une conversation, je suis pressée, bonne journée. -Ah mais c'est pas grave ça je peux t'accompagner! - Non, merci. -Vas-y fais pas ta biiip, ça va pas te tuer, ..."
Toujours sur son vélo il me suit, je n'entends plus ce qu'il dit, je prends mon téléphone, appelle un ami. (Pas de 50/50, j'ai trop les foies). Il me suit encore. Dans quelques mètres le commissariat de police. Hors de questions qu'il voit où j'habite. J'entre au commissariat, termine mon coup de fil. L'appel a duré plus de 3 minutes. Trois minutes très longues. J'observe son petit manège de l'intérieur du commissariat. Il est repassé devant deux fois. Puis, j'ai attendu quinze minutes avant de remettre le nez dehors. Aucun agent de police ne s'est inquiété de ce qui m'avait amenée là.

Aujourd'hui même un bonsoir m'agace. Sûrement le bonsoir de trop. Quand j'ose rentrer chez moi tard le soir je me sens au mieux comme une bague en vitrine place Vendôme ou comme un de ces poulets sur les rôtissoirs en plein ramadan. Un regard insistant vous déshabille même en plein hiver...

Et j'entends mes élèves dire qu'une fille il faut y aller et voilà sinon t'as rien.

Aujourd'hui la jeune fille qui supporte les allusions de ses camarades parce qu'elle a une poitrine bien développée sera sanctionnée si elle réagit violemment, de toutes façons "à 12 ans ça la dérange mais d'ici trois quatre ans ça arrangera tout le monde" .


Aujourd'hui la jeune fille qui a subi les attouchements sexuels de ses camarades de 6ème et de 5ème a dû quitter l'établissement.... mais pas eux... Parce que, après tout... "Peut-être qu'elle était d'accord, on ne sait pas".


Faudra-t-il que, dans 10 ans, quand elles auront trouvé la force d'en parler, elles écrivent la même histoire?

Alors comme une Madmoizelle ou une Sofie, une d'entre nous tente de dire quelque chose... MightyBeatrix m'a donné envie de raconter mon histoire comme elle a raconté la sienne

Et vous, quelle est la vôtre?


mercredi 7 août 2013

La prof pensait bien à vous... un petit peu.

Voilà plus de 6 mois que je n'avais rien publié.
Soyons honnêtes, je me suis auto-censurée. 
Il m'aurait été difficile de vous parler de choses bien positives sur le métier, sur mon collège, sur la vie de prof quand tout ce que j'ai vécu les deux derniers trimestres ne faisait que refléter le mépris constant des politiques actuelles pour les élèves d'un département suffisamment stigmatisé par ailleurs. Je n'avais pas envie non plus de tomber dans les clichés, enseigner en milieu difficile c'est dur. Ah bon, tu crois? Pour ne pas bavasser sur ces moments où tout allait mal et où je me suis franchement demandé si je devais continuer à enseigner, j'ai préféré vivre pleinement tous les autres. Il y a eu beaucoup à faire, je n'ai pas vu le temps passer... et je vous ai un peu oubliés. Mes plus sincères excuses.

Dans quelques semaines je retrouverai mes collègues dans le grand réfectoire pour découvrir un nouveau chef d'établissement, un nouvel adjoint, un nouveau directeur de Segpa, une nouvelle gestionnaire, de nouveaux CPE, de nouveaux assistants d'éducation 
... et mon nouvel emploi du temps.

Mais on n'y est pas encore alors je profite de cette calme soirée pour repenser à l'année écoulée et à ce que j'aurais bien pu vous raconter.

Les déjà-vu
  •  Les têtes perdues des affreux le lundi 8h30 quand tu leur balances du English only sans concession.
  •  Les doutes sur mes compétences et mes choix pédagogiques.
  •  Des conditions de travail pitoyables qui pénalisent les affreux plus que nous et qu'ils finissent par nous reprocher ouvertement, comme si c'était de notre faute...


Les grandes premières
  •  Faire "cours" sans électricité, dans l'obscurité par 15°C, deux fois.
  •  Recevoir des coups d'un élève. Des coups de poings, dans le dos, même pas méchamment, pour s'amuser, pour montrer aux autres que c'était lui le boss... Sauf que ça fait très mal.
  •  Recevoir un cadeau de parent dont l'enfant était heureux de son année... Trois fois.

(Oui, trois parents différents je te vois venir spèce de rabat-joie; d'ailleurs j'ai une plante qui se meurt à ma fenêtre.)

Les plus jolies perles
 3) Mais c'est qui Élisabeth II? - Azy c'est une vieille wesh! 

2)
1) 'Morning Miss, sorry omelette!
( SORRY OMELETTE x'), le retardataire sait comment me parler)

Le billet doux de l'année était gravé sur une table: "[Mlle Madame], jte kiffe T ma pute" ♥

Cette année, c'était l'année de la fin du monde, l'année du Harlem Shake, l'année où, quote, 'la dame en fer est décédead', l'année de Rihanna au Stade de France... 
En fait, la seule chose que les affreux aient réellement apprise par cœur et retenue cette année 
ça doit être ça...

Mais je ne leur en veux même pas, je suis en vacances.

See you ;)

vendredi 25 janvier 2013

Ces affreux ont une vie...

Aujourd'hui j'ai passé une sale journée. Quand je passe une sale journée je me rappelle comment on écrit, j'ai le verbe léger et surtout j'ai méchamment besoin de mojitos. C'est bête, je ne bois pas. Bref.

On a tous passé une journée bien pourrie en fait. Les merdes galères se sont enchaînées à une vitesse dingue. Résultat des profs excédés, des élèves surexcités et une direction euh... qui ça?

Pourtant là, une fois que j'ai bien pété un câble toute seule, que j'ai bu un thé... à tête reposée, j'ai repensé à Patou. Je vous dis pas son prénom mais même là il n'est pas gâté. Il s'en est pris des coup le Patou. Des coups dans le bahut, des coups en dehors du bahut. En plus, il y a peu, le père de Patou a succombé à une maladie cardiovasculaire.

C'est dur d'être juste prof quand on a un élève comme Patou. Mais bon, on se disait que ça irait, qu'avec ça c'était bon: la vie lui en avait assez fait baver.

Bizarrement j'ai du mal à repenser vraiment à ce petit 6ème qui a reçu l'Iphone 5 à Noël, ni à tous ces autres qui aiment bien pourrir le cours, n'apprennent pas leurs leçons, ne savent plus dire "bonjour" ni "merci".

Dans toutes les galères de cette journée, les insultes, les pannes, les hurlements, les portes qui claquent... J'ai appris qu'hier, Patou avait perdu sa mère. Apparemment la vie ne s'était pas encore assez foutue de lui.

Bonne année, hein!


Alors à défaut de savoir vraiment quoi faire, ce soir je fais un billet pour Patou et pour ces autres... Ceux qui arrivent avec le blouson qui sent le moisi, ceux qui font EPS avec des baskets trop grandes, ceux dont les parents recyclent le PQ... Et ceux qui, comme lui, perdent des êtres chers en cette période ingrate où on en a déjà bien assez des poils qui poussent et des boutons pleins de pus sur la tronche... Ceux qui nous font nous sentir impuissants dans notre armure de prof.


See you...